Microbiote intestinal et obésité
Quel est le lien entre diversité du microbiote intestinal et obésité ?
Il existe un lien enfin démontré qu’il y a un déséquilibre de la flore intestinale chez le patient obèse.
En cas d'obésité, le microbiote intestinal est moins varié (ce que l’on appelle une biodiversité plus faible) puisqu’en Europe, 15 % de la population a un microbiote pauvre, mais en cas de surpoids ou d’obésité, ce chiffre grimpe à 25 % et peut même dépasser 50 % en cas de diabète de type 2 ou d’obésité massive.
En cas d’obésité, la flore intestinale est également moins riche en bonnes bactéries avec une diminution en lactobacilles et en bifidobactéries, ces bactéries “amies” qui réduisent l’inflammation et la formation du tissu graisseux.
Le microbiote intestinal est, dans cette situation, déséquilibré et les études ont montré un enrichissement en Firmicutes et un appauvrissement en Bacteroidetes (les gentilles bactéries)
En cas de perte de poids par un régime alimentaire hypocalorique pauvre en graisses ou en glucides, il va se produire une modification bénéfique de la composition du microbiote intestinal avec une diminution du ratio Firmicutes/Bacteroidetes.
Microbiote intestinal et obésité
Le microbiote intestinal a-t-il un impact sur la perte de poids ?
Le microbiote intestinal a-t-il un impact sur la perte de poids ?
Il est avéré que certains profils microbiotiques jouent un rôle dans la prise de poids et à l’inverse, l’obésité va avoir une influence néfaste sur la flore intestinale et favoriser la dysbiose, faisant entrer le patient dans un cercle vicieux.
Il existe clairement une relation entre microbiote intestinal et obésité. Les prébiotiques (les fibres alimentaires des légumes, fruits et céréales) ont montré leur capacité à modifier la flore intestinale et des effets bénéfiques sur la perte de poids et la prise en charge de l’obésité. Il est important donc de comprendre l'impact de l'alimentation sur le microbiote intestinal.
Comment rééquilibrer votre microbiote intestinal ?
Les prébiotiques :
Une alimentation riche en fibres prébiotiques augmente le nombre des bifidobactéries, des bactéries amies qui vont produire des acides biliaires secondaires et des acides gras à chaîne courte (postbiotiques). Ces métabolites jouent un rôle dans l’activation des signaux du contrôle de l’appétit.
Lorsque notre balance énergétique est déséquilibrée, du fait d’une alimentation trop riche en sucres et en graisses, le microbiote intestinal ne peut plus réguler ces afflux d’énergie et notre corps stocke les graisses en excès dans nos cellules adipeuses.
Le rééquilibrage de l’alimentation peut prendre du temps, car il s’agit parfois de défaire des habitudes très anciennes. Pour les personnes dans cette situation, il existe désormais des prébiotiques « concentrés ».
Les probiotiques
Plusieurs bactéries jouent un rôle clé dans le métabolisme des glucides et des lipides. C’est en particulier le cas d’Akkermansia muciniphila, présente en grande quantité dans le microbiote intestinal des personnes en bonne santé.
Des chercheurs ont découvert qu’une ingestion quotidienne, par voie, d’A. muciniphila avait permis de réduire différents facteurs de risque cardiovasculaires comme la résistance à l’insuline, le taux de cholestérol total et le stockage des graisses chez les participants en surpoids. Cette bactérie n’est pas encore disponible en probiotique, mais elle pourrait à terme être permettre de traiter l’obésité.
Une autre bactérie a montré son efficacité dans le traitement des troubles du métabolisme.
Il s’agit de Hafnia alvei, que vous avez dû rencontrer au moins une fois dans votre vie, puisqu’elle est présente dans certains fromages au lait cru, comme le camembert ou le livarot.
Une étude clinique récente multicentrique, randomisée en double aveugle contre placebo (le must depubliée en 2020 sur 229 personnes a démontré des effets anti-obésité d’Hafnia alvei HA4597 :
augmentation de la sensation de satiété, diminution du poids et du tour de hanche.
Quel est le rôle de l’exercice physique sur le microbiote intestinal ?
C’est un moyen très intéressant pour avoir un microbiote intestinal « en bonne santé ».
Microbiote intestinal et activité physique
En effet, l’exercice physique joue un rôle dans les fonctions de notre microbiote intestinal et renforce « l’effet barrière » en diminuant la perméabilité intestinale (intestin moins poreux). Le sport « booste » notre système immunitaire intestinal et nous permet de fabriquer des postbiotiques (en particulier des acides gras à chaîne courte) bénéfiques pour notre santé.
Chez les personnes obèses, une bonne condition physique et la pratique régulière d’une activité physique est essentielle. Les personnes obèses présentent ainsi un risque relatif de mortalité identique à celui des individus sans surpoids qui ne font pas de sport.
Les exercices de renforcement musculaire ont peu d’effet sur la perte de masse grasse, mais ils ont des effets intéressants sur le maintien et la prise de masse musculaire. Quant aux exercices en endurance (course, natation, vélo, etc.), ils limitent la reprise de poids après un programme hygiéno-diététique ou après une chirurgie bariatrique, et ils contribuent sur le long terme au maintien de la diminution de la masse grasse viscérale.
L’effet de l’activité physique seule sur la perte de poids reste cependant modeste, quelle que soit la durée du programme,et doit donc être associé à une prise en charge nutritionnelle.
Quel est l'intérêt de la transplantation fécale en cas d’obésité ?
La transplantation du microbiote fécal, greffe fécale ou bactériothérapie fécale.
La transplantation fécale (TMF) consiste à administrer une préparation de matière fécale issue d’un sujet sain (donneur) à un patient atteint d’une pathologie en rapport avec une altération du microbiote intestinal (receveur), en vue d’exercer des effets thérapeutiques. La préparation consiste à homogénéiser et à filtrer, pour éliminer les résidus, les selles du donneur dans du sérum physiologique. On obtient ainsi environ 0,3 litre de “caca propre” !
Les premiers protocoles de TMF étaient basés sur l’utilisation de selles fraîchement émises et réadministrées dans un délai court, en général inférieur à 6 h, ce qui était compliqué à mettre en place. À l’heure actuelle, on utilise donc du matériel congelé donc immédiatement disponible.
À ce jour, la seule indication reconnue de la transplantation fécale est l’infection à Clostridium difficile (Clostridie) récidivante, c'est-à-dire à partir de la seconde récidive (soit le 3e épisode), après échec d’un traitement antibiotique bien conduit.
Toutefois, des études pilotes évaluent actuellement l’intérêt thérapeutique de la greffe fécale dans l’obésité et la stéatohépatite non alcoolique (NASH). Signalons que des études pilotes sont également en cours concernant la maladie de Crohn, la Rectocolite hémorragique et le Syndrome de l’intestin irritable
Transplantation fécale TMF